Des amis haut placés by Donna Leon

Des amis haut placés by Donna Leon

Auteur:Donna Leon [Leon, Donna]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Calmann Lévy
Publié: 2012-06-07T22:00:00+00:00


16

Comme la plupart des Italiens, Brunetti était convaincu que l’on conservait quelque part les relevés de tous les appels téléphoniques faits dans le pays, ainsi que des copies de tous les fax envoyés ; mais comme très peu d’italiens, il avait de bonnes raisons de savoir que c’était vrai. Croyance ou certitude, cela n’y changeait de toute façon pas grand-chose : personne ne disait rien d’important, ni rien qui puisse être retenu à charge contre l’un des deux interlocuteurs par un organisme gouvernemental quelconque susceptible de vous mettre sur écoute. Les gens s’exprimaient en termes codés : l’argent devenait « des vases », voire « des fleurs », et les investissements ou les comptes en banque dans les pays étrangers étaient appelés « des amis ». Brunetti n’avait aucune idée de l’étendue de cette croyance et des précautions qui en résultaient. Mais ce qu’il en savait lui fit suggérer à l’amie qui travaillait à la Banca di Modena de le retrouver pour un café, plutôt que de lui adresser directement sa requête au téléphone.

Comme la banque se trouvait de l’autre côté du Rialto, ils décidèrent de se retrouver Campo San Luca, c’est-à-dire à mi-chemin, pour prendre un verre avant le déjeuner. C’était bien des précautions pour quelques questions générales à poser, mais ce n’était que de cette façon que Franca lui parlerait sans détour. Sans rien dire à personne, il quitta son bureau et, longeant le bacino, prit la direction de la place Saint-Marc.

Sur la Riva degli Schiavoni, il se tourna machinalement vers la gauche pour chercher des yeux les remorqueurs – et se rappeler soudain, en ne les voyant pas, que cela faisait des années, en fait, qu’ils avaient disparu. Un instant, il l’avait oublié. Comment une chose pareille était-elle possible ? C’était un peu comme ne plus se souvenir de son numéro de téléphone ou de la tête de son boulanger. Il ignorait où l’on avait envoyé ces remorqueurs et ne se rappelait plus à combien d’années remontait leur mise à l’écart, qui avait dégagé le quai, le long de la riva, pour qu’accostent d’autres navires, sans doute plus utiles à l’industrie du tourisme.

Ils avaient eu de merveilleux noms latins, ces fiers petits bateaux rouges, constamment prêts à venir en aide aux bâtiments empruntant le canal de la Giudecca. Mais les unités qui faisaient aujourd’hui escale à Venise étaient probablement trop immenses pour que ces braves petits remorqueurs puissent leur venir en aide : c’était des monstres plus hauts que la basilique, où des milliers de silhouettes pas plus grandes que des fourmis se massaient le long des bastingages, des navires capables d’accoster tout seuls. Après quoi ils abattaient les échelles de coupées sur le quai et déversaient leur flot de passagers sur la ville.

Brunetti chassa ces pensées de son esprit et s’engagea sur la Piazza, qu’il traversa en diagonale pour repartir vers le centre de la ville et le Campo San Luca. Franca était déjà là, parlant avec un homme que Brunetti connaissait seulement de vue. Il



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